Mais lorsqu’on parle de football, le Brésil est incontestablement un pays à part. Après le choc initial qui a suivi l’élimination face aux Néerlandais, le pays n’a semblé montrer aucun ressentiment particulier envers son équipe nationale. Les drapeaux auriverde ont continué de flotter au vent, et le commerce des marchandises aux couleurs nationales liées à la Coupe du Monde est resté florissant, même plusieurs semaines après la fin du tournoi.
En 2014, nous aurons douze villes hôtes réparties dans plusieurs des magnifiques régions du pays. L’opportunité qui s’offre à nous aujourd’hui, et que nous ne manquerons pas de saisir, est de faire découvrir à tous non seulement le football brésilien, mais aussi le Brésil en lui-même
Ricardo Teixeira, président du COL, président de la Fédération Brésilienne de Football et membre du Comité Exécutif de la FIFA
Pour trouver la principale raison de ce sentiment de fierté nationale, il suffit de se projeter moins de quatre ans dans l’avenir. Car au Brésil, le coup de sifflet final de la Coupe du Monde 2010 a donné le coup d’envoi d’un nouveau cycle de quatre ans qui culminera avec le retour du plus grand événement footballistique au monde dans le pays qui détient le record du nombre de sacres. Le Brésil n’a accueilli la compétition qu’une seule fois : en 1950, où il était aux prises avec douze autres pays. Les Sud-Américains sont donc impatients de recevoir de nouveau le monde entier dans ce que certains considèrent comme la patrie du football.
"Aucun pays au monde n’est davantage synonyme du football." C’est en ces termes que le Président de la FIFA, Joseph S. Blatter, a décrit le Brésil lors de la présentation officielle du logo de l’édition 2014, à Johannesburg à la fin du tournoi 2010. "Au Brésil, le football est une véritable religion. Quel autre pays au monde incarne mieux ce sport ?" Plusieurs des plus grandes stars brésiliennes qui ont marqué l’histoire de la Coupe du Monde étaient également présentes à la présentation du logo, dont Romário, vainqueur de l’édition 1994, qui a livré à FIFA World ses impressions concernant le tournoi 2014.
"C’est peut-être aller loin, mais je dirais que vous n’avez jamais vraiment vécu l’ambiance d’une Coupe du Monde tant que vous n’en avez pas vécu une au Brésil", déclarait l’ancien attaquant. "Je ne peux même pas imaginer ce que ce sera quand nous organiserons la compétition."
Sérieux et fiableLes supporters s’attendent déjà à une ambiance digne d’un carnaval lors de cette Coupe du Monde au Brésil, mais pour Romário, le tournoi représente également une opportunité pour ses compatriotes d’illustrer d’autres vertus de leur pays. "Le football, la fête, l’ambiance…Tout cela fait partie d’un visage du Brésil que tout le monde semble déjà connaître. Je pense qu’il nous faudra avant tout montrer que notre pays est sérieux et fiable. Il existe d’énormes attentes en termes de développement de notre pays dans plusieurs domaines : le social, l’économie… Je crois sincèrement que le monde verra le Brésil différemment après 2014."
Si cette "prophétie" vous rappelle quelque chose, c’est peut-être parce que l’organisation de la Coupe du Monde par le Brésil intervient immédiatement après l’édition sud-africaine, où l’accent a été mis avec succès sur l’héritage, le progrès social et le combat contre des stéréotypes profondément ancrés. En plus de partager une réputation d’excellent hôte, ces deux pays affrontent également des défis similaires dans des domaines comme les infrastructures et le renforcement de l’égalité sociale. Pour toutes ces raisons, le Brésil est une excellente destination pour la prochaine édition de la compétition phare de la FIFA, car le géant sudaméricain tentera d’obtenir les mêmes accomplissements que l’Afrique du Sud en dehors des terrains.
"Nos frères africains ont placé la barre extrêmement haut et nous allons forcément tirer des enseignements de leur réussite pour nous aider à faire de la Coupe du Monde de la FIFA 2014 un succès encore plus grand", reconnaissait le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, le jour de la présentation du logo. "À compter de janvier 2011, je ne serai plus président de la République, mais je resterai un Brésilien. Et mon pays peut compter sur moi pour que nous travaillions ensemble pour organiser la plus belle Coupe du Monde de l’histoire. C’est là notre engagement."
Une scène immenseCela dit, le Comité Organisateur Local et le gouvernement brésilien sont conscients que la tâche qui les attend sera loin d’être simple. L’organisation d’une Coupe du Monde de la FIFA est toujours une opération complexe et titanesque, mais les défis sont considérablement plus relevés lorsqu’il s’agit d’accueillir le tournoi dans un pays de la taille du Brésil, dont la superficie de 8 514 877 km² en font la deuxième plus grande nation à recevoir le prestigieux tournoi, derrière les États-Unis en 1994.
Il y a soixante ans, pour la première Coupe du Monde organisée au Brésil, les stades étaient concentrés au sud et au sud-est du pays. Les six villes hôtes de l’édition 1950 (Rio de Janeiro, São Paulo, Belo Horizonte, Curitiba, Porto Alegre et Recife) seront de nouveau utilisées en 2014, mais cette fois le tournoi aura une toute autre ampleur et inclura six capitales d’État supplémentaires (Brasília, Cuiabá, Salvador, Natal, Fortaleza et Manaus).
Pour cette raison, il sera évidemment vital que les infrastructures soient fonctionnelles, car les organisateurs souhaitent s’assurer que les équipes, les journalistes et les supporters puissent se déplacement facilement au sein de ce pays gigantesque. C’est pour répondre à ce problème que la FIFA et le COL analysent actuellement les meilleures solutions pour réduire les temps de déplacement entre les matches.
Le gouvernement fédéral brésilien s’est déjà engagé à investir massivement pour améliorer les réseaux routiers et ferrés, ainsi que les aéroports du pays. Plus tôt dans l’année, le gouvernement a annoncé son intention de consacrer plus de 17 milliards de réal brésiliens (BRL) (USD 9,9 milliards) aux investissements liés à la Coupe du Monde. En plus de cela, des projets supplémentaires sont constamment entrepris, et notamment la rénovation des 16 aéroports des 12 villes hôtes, dont le coût de BRL 5,5 milliards sera financé par le gouvernement fédéral, comme l’a récemment garanti le président du Brésil.
Comme cela a été le cas avec la Coupe du Monde de la FIFA 2010, ces investissements bénéficieront à la population brésilienne longtemps après la fin du tournoi. "Toutes les infrastructures devraient être livrées pour la Coupe du Monde de la FIFA 2014, mais certains aspects sont réellement plus urgents, notamment les aéroports", reconnaît le ministre des sports, Orlando Silva de Jesus Júnior. "Nous espérons pouvoir accueillir environ 600 000 touristes étrangers ainsi que trois millions de Brésiliens."
Au-delà des investissements colossaux assurés par l’État, le secteur commercial brésilien entend bien tirer profit des opportunités offertes par le tournoi. Par exemple, au niveau des partenariats, l’impressionnante liste des affiliés commerciaux de la FIFA a enregistré en avril dernier l’arrivée de plusieurs entreprises brésiliennes de renom. Le fournisseur agroalimentaire mondial Marfrig a signé un partenariat concernant les Coupes du Monde de la FIFA 2010 et 2014, profitant de l’occasion pour populariser sa marque Seara. De plus, avant même la fin de la compétition sud-africaine, la plus grande entreprise de télécommunications du pays, Oi, ainsi que la première banque brésilienne, Itaú, se sont joints à l’aventure en devenant respectivement sponsor et supporter national de la Coupe du Monde de la FIFA.
Pour une sixième étoile ?Dans le domaine ô combien important des stades, les travaux sont déjà bien avancés dans la majorité des villes hôtes. Le légendaire Maracanã de Rio de Janeiro subit actuellement une rénovation majeure afin d’être prêt à accueillir sa seconde Coupe du Monde. Les travaux ont débuté en août, avec le retrait des sièges de l’anneau inférieur du stade, qui est complètement reconstruit. Depuis septembre, le stade est fermé en vue du début de travaux majeurs, qui incluent l’agrandissement du toit.
Des rénovations importantes ont également été entreprises dans le deuxième plus grand stade du pays, le Mineirão de Belo Horizonte, l’antre des deux grands clubs de l’État du Minas Gerais, l’Atlético Mineiro et Cruzeiro. Après la démolition de l’ancien Mineirão, un nouveau terrain a été installé 3,5 mètres en dessous du niveau du sol. Les travaux de reconstruction commenceront pour leur part en novembre. Fin juillet, un autre chantier majeur a débuté au Beira-Rio de Porto Alegre, le stade de l’Internacional, vainqueur de la Copa Libertadores 2010 et participant à la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA 2010. À son arrivée, l’équipe de construction a été accueillie par le président Lula, et lui a offert un casque de chantier.
Ces dernières semaines, des scènes similaires se sont déroulées aux quatre coins du pays, que ce soit à l’occasion de la démolition d’anciens stades comme le Fonte Nova de Salvador et l’Estádio Governador José Fragelli (Verdão) de Cuiaba, ou pour la pose de la première pierre de la nouvelle enceinte de Brasília, le stade Mané Garrincha, le 27 juillet. À Natal, Manaus, Fortaleza et Curitiba, la planification ou les procédures d’appel d’offres touchent à leur fin, le début des travaux étant prévu en fin d’année ou au premier semestre 2011.
Si la principale attente des amateurs de football brésiliens pour 2014 est de voir leur équipe remporter une sixième étoiles, la première à domicile, les organisateurs locaux, les sponsors nationaux et le gouvernement fédéral sont clairement unis dans l’espoir que les milliards de spectateurs et téléspectateurs garderont en souvenir bien plus que du football lorsque le rideau tombera sur l’édition brésilienne.
"Le Brésil est déjà considéré comme un pays de football", soulignait Ricardo Teixeira, président du COL, président de la Fédération Brésilienne de Football et membre du Comité Exécutif de la FIFA. "Ce n’est pas seulement un cliché, ni un slogan, mais les faits parlent d’eux-mêmes : le Brésil est le seul pays à avoir participé aux dix-neuf éditions de la Coupe du Monde de la FIFA, et, bien entendu, à l’avoir remporté cinq fois."
"Mais en 2014, nous aurons douze villes hôtes réparties dans plusieurs des magnifiques régions du pays, ce qui donnera aux touristes la chance de visiter l’ensemble du Brésil, de ses plages fantastiques à l’exubérance de l’Amazonie, de ses montagnes à la savane tropicale du cerrado. L’opportunité qui s’offre à nous aujourd’hui, et que nous ne manquerons pas de saisir, est de faire découvrir à tous non seulement le football brésilien, mais aussi le Brésil en lui-même."