vendredi 17 décembre 2010

Histoire du Raja de Casablanca.



Les débuts du Raja

C'est à partir d'une troupe théâtrale, baptisée FATH,que le Raja sera crée en 1949. L'interdiction de confier la présidence à un marocain sera vite contournée en laissant ce fauteuil, pour six mois, à feu BENABADJI, d'origine algérienne et qui bénéficiait de ce fait de la nationalité française.

Les autorités françaises prises au dépourvu par ce stratagème furent contraintes d'accepter le fait accompli.

On retrouvait autour du Raja tout un noyau de fervents marocains, purs et durs, dans leurs convictions nationalistes et qui allaient se révéler par la suite d'authentiques et farouches combattants de l'oppresseur étranger. De grands syndicalistes de la trempe de Mrs. Mahjoub BEN SEDDIK, feu TIBARI, Salah MEDKOURI, feu CHEMSEDDINE, autour desquels s'étaient groupés feux HMIDOU AL WATANI, Karim HAJJAJ, si Ahmed SKALLI HADDAOUI, CHOUKRI, DAOUDI, HACHMI NEJJAR, CHARFAOUI, LAACHFOUBI, Abdelkader JALAL, NAOUI, Maître Maâti BOUABID et tant d'autres illustres bidaouis.

Donc en 1949 le Raja, constitué exclusivement de joueurs marocains entama sa première année en Division d'Honneur et après une saison euphorique accéda à la seconde division. Un parcours sans faute et après des barrages homériques le Raja réussit la montée en 1ère division (1951) et depuis cette date le club n'a plus quitté l'élite du football marocain marquant de son seau cette discipline à tout jamais.

Le premier entraîneur du club fut Kacem KASSIMI et c'est sous sa houlette que le Raja réussit la montée. En 1953 devaient être scellés la grande union et le mariage d'amour entre feu Père JEGO et le Raja, l'homme, le technicien, l'artiste et le théoricien qui allait donner au club son véritable et le théoricien qui allait donner au club son véritable cachet, celui que toutes les générations qui se sont succédées ont perpétué fidèlement.

Avec lui arrivait BOUJEMAA KADRI, un dirigeant hors-pair, qui allait se distinguer par un travail méthodique et colossal sur les plans administratif et organisationnel. Ce duo allait survivre à tous les soubresauts de l'histoire du club et asseoir la réputation du Raja dans bien des domaines.

Depuis sa création, le Raja a toujours eu la réputation d'équipe composée d'artistes pratiquant un jeu agréable et plaisant. Feu Pere JEGO, lui a inculqué un jeu collectif, spécifique, basé sur les passes courtes, les une-deux, l'offensive et bien sûr, l'exploit individuel. Avec ce système, le Raja effrayait ses adversaires car il était capable d'humilier les plus grands clubs, mais n'arrivait toujours pas à remporter de titre national.

Au fil des années le Raja s'affirma comme le creuset (inépuisable) du football marocain, alimentant les différentes sélections nationales en joueurs de grande qualité la plupart devenant même les grands patrons de ces unités.

Premier club au niveau de la popularité Raja draine chaque semaine des milliers de supporters à Casablanca mais provoque également un véritable engouement en déplacement tant son style charmeur et alléchant attire des spectateurs de tous bords.

Les noms qui sont cités, ci-après, pour mémoire, sont classés par ordre du nombre de sélections croissant : DOLMY - HADDAOUI - BEGGAR - SAID - Feu PETCHOU - SOUADI - ALIOUATE - JDIDI - HAMID - MILLAZO - JAWAD - HOUMANE - HASSAN - TIJANI - MJID - HAJRI - BAEJA - BASSIR - KHALIF - SELLAMI - FAHMI - ROSSI - JRINDO - ABDERRAHIM - BENENE - MOUSSA - RAHMATTALLAH - ...
Tous ces joueurs, bien que représentant des générations différentes, ont tous, chacun à sa manière, entretenu le cachet "RAJA"


Les Faits Marquants
1949 : Création du Raja Club Athlétic

1949 : Division Honneur

1950 : Montée en deuxième division

1951 : Montée en première division

1974 : Vainqueur de la coupe du trône

1977 : Vainqueur de la coupe du trône

1982 : Vainqueur de la coupe du trône

1988 : Champion du Maroc

1989 : Champion d'Afrique

1996 : Vainqueur de la coupe du trône

1996 : Champion du Maroc

1997 : Champion du Maroc

1997 : Champion d'Afrique

1998 : Champion du Maroc

1999 : Champion du Maroc

1999 : Champion d'Afrique

1999 : Vainqueur de la coupe Afro-Asiatique

2000 : Participation à la coupe du monde des clubs champions au Brésil

2000 : Champion du Maroc

2001 : Champion du Maroc

2002 : Vainqueur de la coupe du trône

2003 : Vainqueur de la coupe de la CAF

2004 : Champion du Maroc

2005 : Vainqueur de la coupe du trône

2006 : Champion Arabe

2009 : Champion du Maroc
Père Jego
La tête et les jambes
Originaire de la province du Souss (région d'Issafen à 120 km de Taroudant) AFFANI Mohamed Ben Lahcen alias « Père JEGO » est né en 1900. Son père, nommé Lahcen, était un commerçant et voyageait beaucoup, notamment en Algérie et en Tunisie. Souvent, il prenait avec lui, son fils qui tirait un grand profit de ces déplacements.

A l'âge de 17 ans, le « Père JEGO » parlait déjà plusieurs langues dont : le Français, l'Espagnol, l'Anglais et le Portugais.

En 1935, son nom s'est illustré en tant que premier journaliste sportif marocain en langue française dans le journal « Le petit Casablancais ».

En 1937, il était à l'avant garde du groupuscule ayant fondé le Wydad pour devenir, par la suite son entraîneur principal.

Feu Père JEGO a utilisé sa culture pour le développement du football. Il se déplaçait souvent pour assister à des matchs en Europe, pour être au diapason du monde footballistique, en vue de créer une école spécifiquement marocaine.

Il fut un des membres fondateurs du comité olympique marocain créé en 1959. Dans le statut du CNOM ( Comité National Olympique Marocain), on trouve le nom du Père JEGO comme assesseur suivi de la mention « membre de la Fédération Royale Marocaine de Football, ex-membre fondateur du WAC ».

Feu Père JEGO était un nationaliste de pure souche, qui a combattu l'empire colonial par son intelligence et son habileté. Il l'a fait par le biais du football en imprégnant aux jeunes, le sens du nationalisme.

Feu Petcho
Mustapha Choukri dit PETCHO
"El Aoud" du football national
Rarement le football marocain n’aura connu de joueur aussi naturellement doué et intelligent que Mustapha Choukri dit « PETCHOU ». Il joua pour le RAJA et représenta la vraie école du regretté Père Jégo. Mais  le joueur Petchou, initialement formé au sein du RAJA dont il fit les beaux jours, ne tarda pas à rejoindre le Wydad avec lequel il accomplit des prouesse.

Cependant, malgré son immense talent, feu Petchou ne joua pas assez souvent pour l’Equipe Nationale. Mais personne n’oubliera les buts marqués à l’Egypte, au Sénégal, à l’Algérie et à tant d’autres sélections. Il faisait partie de la sélection marocaine qui représenta l’Afrique en coupe du monde 1970.

Il mourut en Arabie Saoudite  le 22 janvier 1980.
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Abdelmajid Dolmy
L'exemplaire carrière d'un MAALEM
S'il y a un seul joueur qui peut être cité en exemple pour tous les footballeurs nationaux, c’est bien DOLMY ! et cela, pour de multiples raisons :

Sa longévité :  il a débuté en 1971 et n’a raccroché qu’en 1991 soit une carrière de 20 ans

Son esprit : qui lui a valu le prix du FAIR-PLAY décerné par l’UNESCO, le 15 octobre 1992 pour récompenser un « joueur dont la moralité et la courtoisie exemplaires le font unanimement considérer par ses partenaires ou adversaires comme un ambassadeur de football » Abdelmajid, au cours de 140 sélections régionales, nationales et internationales, n’a jamais fait l’objet de sanctions

Ses rendements techniques sur le terrain : qui ont fait de lui l’un des joueurs marquants de l’histoire du football national. C’est ainsi qu’en 1973, le Maroc affronte le Sénégal à Fès , un jeune arrière latéral gauche, après avoir perdu le ballon, pendant une de ses montées offensives, traverse tout le terrain pour le récupérer. Ce joueur, qui participait à son premier match international, c’était DOLMY. Cette scène illustre quelque peu ce personnage qui n’a cessé d’évoluer, au cours de sa carrière, jusqu’à devenir un véritable MAESTRO. Orientant le jeu, sécurisant ses partenaires, assurant les couvertures, et la récupération, jouant le rôle du « porteur d’eau ». Il permet à son équipe, quelque soit l’adversaire, de dominer le milieu de terrain en assurant la jonction entre la défense qu’il contribue à stabiliser et l’attaque qu’il alimente grâce à une excellente relance.

De DOLMY on gardera l’image de cet excellent n°6, à la carrière riche et exemplaire, qui, en 1986, lors de la coupe du monde,  a tellement dominé le milieu de terrain (MAROC – ANGLETERRE : 0-0) qu’il fut agressé par un joueur anglais qui avait été exclu par l’arbitre. DOLMY a été noté 9/10 par le Journal « L’EQUIPE », note rarement attribuée

LA CARRIÈRE DE DOLMY AVEC LE RAJA

1970-1971 : première participation avec l’équipe Junior
1972 : première participation avec l’équipe Seniors
1974 : contribution à la victoire rajaouie en Coupe du Trône
1977 : contribution à la victoire rajaouie en Coupe du Trône
1982 : contribution à la victoire rajaouie en Coupe du Trône
1987 : Transfert à la Centrale Laitière (Ex- OC)
1990-1991 : Retour au RAJA
1991 : Fin de carrière

LA CARRIÈRE DE DOLMY AVEC L'EQUIPE NATIONALE

1970-1971 : première sélection avec l’EN Junior
1973-1974 : première sélection avec l’EN seniors
1975 : participation aux jeux Méditerranéens en Algérie
1976 : Champion d’Afrique avec l’EN
1978 : participation à la CAN au GHANA
1979 : participation aux jeux Méditerranéens de SPLIT en Yougoslavie
1983 : participation aux jeux Méditerranéens de Casablanca
1986 : participation à la CAN en Egypte et à la Coupe du Monde du Mexique
1988 : participation à la CAN à Casablanca
La première coupe d'Afrique en 1989
Au lendemain du sacre historique de juin 88 et les journées frénétiques pour célébrer ce premier titre commençait la plus belle aventure du Raja en coupe d'Afrique des clubs champions avec l'apothéose d'une finale à disputer avec un club d'un pays frère, en l'occurrence le Mouloudia d'Oran.

Avant d'arriver à cette fête africaine et maghrébine le parcours a été long, très long, parfois pénible où les distances couvertes et les conditions de voyage et l'hébergement et seule l'exaltation de la mission de représenter dignement le pays a permis au groupe rajaoui de puiser dans ses ressources profondes la transcendance nécessaire à des performances positives répétitives.

• Le spectre du BUCHER

Pour son entrée en matière dans le concert africain, le Raja ne fut guère gâté par le tirage au sort et ce premier tour avec un club aussi huppé que Jeanne d'ARC du Sénégal, une équipe habituée aux joutes de coupes d'Afrique et qui plus est, recelant une pléiade d'internationaux, constituant le noyau de la sélection du pays, ne s'annonçait pas facile. L'inexpérience de la plupart des rajaouis alliée à un trac naturel pour l'ouverture des débats à Casablanca-même, devant un public impatient de vibrer aux promesses des Diables verts, retardèrent l'échéance durant une mi-temps. Et si personne ne doutait de l'issue finale tout un chacun trouva l'attente insupportable; aussi quand OULD MOU, à peine rentré sur le terrain ( 46ième mn ), perfora les filets adverses d'un maître-tir, ce fait un immense soupir de soulagement. C'était bien mais dangereusement insuffisant en prévision d'un retour à Dakar qui ne s'annonçait pas de tout repos.

Alors commencèrent les incantations et les..... encouragements pour pousser les rajaouis à ajouter ce deuxième point vital. Intense suspense avec une délivrance au paroxysme de l'émotion : l'ultime minute de jeu et un coup de poignard de Fethi Jamal. Groggy par ce coup du sort l'adversaire demeura longtemps allongé sur le gazon après le sifflet final de l'arbitre, abattu par le courage et l'optiniatreté d'un Raja constamment sur la brèche et qui ne se découragera jamais devant le rideau défensif de Jeanne d'Arc. Deux semaines plus tard, au stade de l'amitié à Dakar, le dispositif rajaoui mis en place par Rabah Saadane ne fut pris qu'une seule fois en défaut sur.... penalty.

L'altruisme, la solidarité et le courage du groupe permirent de soutenir les assauts désordonnés des sénégalais durant 40 mn. Ce premier virage bien négocié, au delà de la joie qu'il procura, montra à tout un chacun la difficulté du chemin qui restait à parcourir.

• Terrible suspense

Second tour avec de solides clients : les gabonais de JAC. Une vraie découverte car l'on pensait, généralement (à tord), que cet adversaire ne peserait pas lourd dans la balance, étant entendu qu'au niveau des séléctions nationales, le football de cette contrée ne brillat pas de mille feux. En fait, le JAC, constituée des meilleurs éléments du pays auquels on avait adjoint quelques petites merveilles des pays limitrophes, ressemblait étrangement à une séléction. Après un quart d'heure de jeu, les rajaouis s'apperçurent de la bonne valeur des Gabonais et la défense, remarquablement articulée autour de Hassan MOUAHID, dut redoubler de vigilance. Le pressing adverse s'accentua au fil des minutes et il fallut un DRID autoritaire dans sa cage pour éviter le pire. Pourtantau gré d'un retourné acrobatique superbe aurait la marque mais dés la reprise, à la suite d'une belle descente collective, SEDDIKI, en bon capitaine, rétablissait l'équilibre. La défense se charge de faire le reste et on se quitta sur un score de parité......méritoire.

Au retour à Casablanca, l'affaire s'annonçait plutôt favorable, avec l'avantage du but marqué à l'extérieur. En fait, cette donnée allait provoquer une sorte de blocage au niveau du mental des joueurs, inconsciemment satisfaits du résultat de l'aller et cherchant visiblement à gérer cet acquis. La partie se déroula pratiquement au milieu du terrain, avec de rares incursions chez l'adversaire de peur de se dégarnir, aussi le dernier quart d'heure fut palpitant, surtout que les esprits s'échauffèrent et donnèrent lieu à des contacts plutôt rugueux. Qualifié au bénéfice du but inscrit à l'extérieur, le Raja était apte à poursuivre son odyssée.

• L'autre visage

Le stade des quarts de finale combla d'aise la grande famille rajaouie et chacun se mit à caresser les rêves les plus fous. Pourtant cet exploit fut assombri par le départ de DRID, retourné dans son pays natal ( Algérie ) et le forfait de TIJANI, malade et hospitalisé. Inutile de rappeler le rôle prépondérant de l'équipe et de leur apport sécurisant, eu égard à leur expérience internationale. Cette perte fut quelque peu tempérée par l'entrée en lice de SALIF NDAYE, enfin qualifié pour cette compétition. Les deux jeunes, lancés dans le bain pour pallier les défections précitées, se révélèrent à la hauteur. D'abord, Hassan MANDOUN, un gardien jeune et pétri de qualité qui fit montré d'une belle autorité pour son baptisme. Ensuite ZERRAF, qui s'avère un défenseur pétillant d'audace et de maîtrise.

La rudesse des joueurs de l'Inter de Congo fit craindre le pire mais après quelques échauffourées sans trop de gravité le Raja prenait l'avantage sur penalty transformé par SEDDIKI. S'ensuivit un lèger flottement et alors que les congolais se contentaient de cette courte défaite, OULD MOU, véritable briseur de rêves, aggravait la marque et soulageait un public qui ne croyait plus en cette libération. A Brazzaville, le comportement des rajaouis fut héroique et jamais les joueurs ne s'affolèrent en dépit d'un début de match malheureux. D'entrée de jeu ( 4ième ) ils bénéficièrent d'un penalty et le spécialiste du genre, SEDDIKI, le tira... ..dehors.

Les congolais s'enhardirent devant ce coup de sort et montèrent résolument à l'assaut. Leur charge fut récompensée par un seul et unique but car dans les bois marocain un certain Hassan MANDOUN arrêta toutes les balles, aériennes ou à ras de terre. Il le paya d'ailleurs de sa personne puisqu'il rentra plain d'ecchymoses. Le retour de la délégation au Maroc fut triomphal et ils furent nombreux à les accueillir des bouquets de fleurs à la main.

• La foudre des verts

Le prochain adversaire en demi-finale n'était autre que le tonnerre de Yaoundé, une super-équipe qui jouait les terreurs depuis le début de cette compétition. Pas moins de sept internationaux et un palmarès fabuleux; D'aucuns voyaient déjà l'adieu du représentant marocain, jugé faiblard devant la puissance de l'adversaire. Mais c'est la foudre du Raja qui allait terrasser les valeureux camerounais et leur montrer avaient encore bien des leçons à apprendre pour atteindre le niveau de l'Ecole de feu Père JEGO. Au complexe Mohammed V la partie fut longtemps équilibrée, avec des occasions de part et d'autres. En début de seconde période, les camerounais confiant en leurs forces prirent davantage de risques.

C'est exactement le moment que choisit ABDERRAHIM pour provoquer des ravages dans leur défense, aidé par un SALIF, généreux et collectif au possible. Deux éclairs et deux superbes buts de OULD MOU. Hébétés, les joueurs du Tonnerre n'arrivaient plus à comprendre ce qu'ils faisaient sur le terrain. Une troisième occasion de but était malheureusement gâchée par OULD MOU alors que SALIF était idéalement placé. Chacun regretta évidemment ce 3ième qui aura ouvert les portes de la finale et craindre le pire à Yaoundé car le Tonnerre, en dépit de sa défaite, avait laissé une image séduisante.

Mais c'est mal connaître les vertus collectives de l'ensemble qui fit une véritable démonstration à Yaoundé, provoquant les applaudissements du public, charmé par le récital des bidaouis. Un nul avec deux buts de ce diable de SALIF mais surtout la satisfaction d'avoir laissé la plus belle image du football marocain, que l'on croyait moribond avec la série d'échecs de la sélection nationale.



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